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Revue lecture : permaculture et aménagement des espaces

Pour cette toute première revue lecture, nous vous proposons un voyage intellectuel entre permaculture et aménagement des espaces.
Grâce à cette typologie d’articles, nous souhaitons partager avec vous, les lectures ou travaux qui nous inspirent et alimentent nos réflexions et postures professionnelles. Ce mois-ci, nous vous proposons un chapitre d’ouvrage paru dans les actes du Colloque de Cerisy « Quelles communications, quelles organisations à l’ère du numérique » en juillet 2017. Il s’intitule : Vers une permaculture des milieux d’activité partagés, Manuel Zacklad et vous le trouverez dans sa version complète ici.

Etat des lieux : un point sur l’auteur

L’auteur, Manuel Zacklad est Professeur, directeur du laboratoire Dicen-Idf et du Master Transition Numérique et Innovation Collaborative – CNAM EN SCIENCES DE L’INFORMATION ET DE LA COMMUNICATION. 

Dans cet écrit, Manuel Zacklad élargit la notion d’espace de travail à la notion de milieu d’activités partagées, qui peuvent concerner, à la fois, les entreprises privées, publiques, les institutions, les écoles et les tiers lieux. Pour lui, l’espace n’est qu’une des dimensions du milieu.

Le milieu est celui qui regroupe différents types d’activités-projets et des acteurs qui partagent l’espace, le temps, des moyens techniques et informationnels. 

Ainsi, une entreprise peut être considérée comme le lieu où coexistent différents milieux d’activités partagées. Par exemple, entre différents services n’ayant pas le même rôle. C’est en tout cas le prisme qui nous intéresse, car il est relatif aux missions d’aménagement spatial que nous portons au sein de la Tool to Team

Pourquoi nous nous sommes penchés sur ce texte ?

Cet élargissement nous intéresse particulièrement car, c’est précisément la raison d’être de la Tool toTeam : penser l’aménagement d’espace en même temps que la façon dont les collaborateurs s’y organisent, y interagissent, communiquent, se synchronisent ou s’asynchronisent. Enfin, nous sommes sensibles aux approches qui cherchent la transversalité des domaines de spécialité, des analogies possibles entre un « monde » et l’autre, qui nourrissent la créativité et l’innovation. L’auteur s’inspire ici directement des principes permaculturels qui nous sont chers, pour caractériser des principes de design de milieu de travail.

De quoi ça parle ?

La problématique posée par l’auteur est la suivante : Comment concevoir des milieux d’activité partagés répondant aux principes permaculturels, c’est-à-dire, des milieux à la fois :

  • Capacitant : qui permettent de développer le « pouvoir d’agir » individuel et collectif.
  • Sérendipiens : qui laissent une place au hasard, à l’imprévu et créent de la valeur créative.
  • Aménitaires : agréables à vivre et appréciables.

Ce que l’on retient de la lecture 

Cet écrit propose des concepts et niveaux d’abstraction très riches mais relativement difficiles d’accès. L’exercice de synthèse est difficile sans risquer de dénaturer l’exhaustivité et la teneur du propos. C’est pourquoi nous vous invitons à le lire et vous l’approprier vous-mêmes. Néanmoins, voici les différents points qui nous ont marqué et fait réfléchir :

Envisager l’entreprise sous sa forme permaculturelle

Cela vise à rechercher des externalités positives (ou bénéfices) induites parce que les services (différenciés par leurs activités-projets et leur milieu d’activité) partagent des espaces et des ressources. Les interfaces sont ainsi créatrices de valeurs plutôt que de nuisances.
Dans le cas de projets de space planning, on pense au traitement des circulations, à la gestion des flux, aux dispositifs de signalétique et information, aux espaces sans usage a priori : sont-ils vraiment des mètres-carrés perdus ? 

Nous avons apprécié la façon dont sont caractérisés les milieux d’activité, c’est-à-dire sous leurs différentes dimensions : 

Dimension ou milieu humain : 

  • La connaissance : le milieu cognitif et culturel et donc, les savoir et savoir faire disponibles
  • La relation : les rôles disponibles dans le collectif, la façon dont les personnes s’organisent
  • Le corps : les émotions et sensorialités partagées.

 « La tension entre connaissances et les relations est au cœur des processus d’apprentissage, le développement des connaissances transformant la nature des relations et réciproquement. Quant à la sensorialité et aux émotions elles s’alimentent à la fois aux connaissances et aux relations et sont le moteur des déroulements des transactions : une transaction coopérative est une mise en commun des ressources personnelles et le cas échéant collectives  qui engagent les participants réalisateurs et bénéficiaires dans la réalisation d’une performance commune associée à la production et ou à l’acquisition d’un artefact porteur de valeur, une œuvre, et au développement de leur expérience personnelle »

Source : Vers une permaculture des milieux d’activité partagés, Manuel Zacklad

Dimension ou milieu technique : tous les dispositifs ou instruments mis au service du travail

  • L’informationnel : langage spécialisé, production orales, documentation, patrimoine linguistique
  • le matériel : mobilier, logiciels, outils …
  • l’espace et le temps : bâtiment, espaces, articulation du temps 

Cette vision « holistique » du milieu d’activité est très interessante. Vouloir transformer l’un de ces points dans une entreprise a nécessairement des répercussions sur tous les autres. 

L’auteur décrit la performance comme étant la transformation des ressources en « œuvre »

Et ce, dans un environnement ou un milieu donné.
La performance relève bien d’un système qu’il convient de considérer dans son ensemble et non à titre individuel du collaborateur, par exemple. #coachingsystémique

Un environnement de travail capacitant permet de développer le « pouvoir d’agir » individuel et collectif.

L’autonomie est une condition nécessaire à l’appropriation des ressources. Elle passe par la mise à disposition d’un milieu technique accessible, pratique et fonctionnel. (outils, instruments, langages, espace, matériels, articulation des temps)

Transformer une organisation implique de réinterroger les différentes dimensions de l’entreprise

Quelles soient humaines, techniques et informationnelles. Se limiter aux espaces s’avère être limitant. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle la TTT intervient sur plusieurs dimensions (gouvernance, usages, espaces, règles de fonctionnement)

La sérendipité comme vecteur de créativité

…En laissant une place au hasard et à l’exploration non finalisée, pour favoriser la découverte de solutions nouvelles. L’aménagement spatial doit donc être pensé pour préparer/susciter les associations entre les ressources de l’environnement ou les personnes

A l’image du travail des documentalistes qui choisissent de classer les ouvrages par logique thématique ou chronologique ou alphabétique, il sera nécessaire de se poser la question : quelles activités méritent d’être proches les unes des autres pour susciter le hasard des interactions ?

Cela soulève une autre question primordiale : comment créer ces espaces temps sérendipiens dans le cas de modes de travail hybride ou full télétravail ?

Un soin particulier est à consacrer aux services et ressources favorables à la performance du travail.

C’est notamment le rôle des facilitates managers (propreté, accueil, maintenance, sécurité…). Ces aspects et la façon dont ils sont gérés soit en interne, soit par un prestataire, ont un impact sur la facilité d’appropriation des espaces par les collaborateurs. Cela correspond à la phase d’exploitation ou de vie du projet, qui mérite d’être anticipée en phase conception et accompagnée pendant la prise en main des nouveaux locaux.

Pour faciliter à la fois la mise en commun des moyens techniques et les rencontres entre les membres partageant un même milieu, il est nécessaire de :

  • expliciter les principes généraux liés aux activités et à la vie en commun,
  • les incarner dans les aménagements spatiaux, les dispositifs matériels et les rôles de chacun, 
  • créer des habitudes et routines pour ancrer ces principes dans les comportements.

Pour conclure et ouvrir à la fois:

Dans son dernier chapitre, l’auteur livre les « sept principes de design pour la permaculture des milieux d’activités partagés selon l’approche transmedia ». Si vous voulez les connaitre, nous ne pouvons que vous conseiller de vous installer bien confortablement, avec une dose de café, de vous accrocher aux accoudoirs et… de lire le document. 

C.G.

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