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L’évolution des espaces de travail à travers le temps

Librement inspiré de l’ouvrage « Le travail et ses espaces » de Jean-Pierre Bouchez, nous vous proposons une série d’articles pour montrer l’évolution des espaces de travail, à travers les différentes époques et modes d’organisation du travail.

Première évolution : la proto-industrialisation ou le travail à domicile

Au XVIIIe siècle et jusqu’à la moitié du XIXe, l’industrialisation nouvelle fait appel pour sa main d’œuvre à des paysans qui, dans les périodes creuses du cycle cultural, réalisent des tâches ouvrières à leur domicile. Cette évolution, sous forme d’industrialisation, précède la création des premières usines au XIXe siècle. Elle est parfaitement illustrée par les ateliers de tissage dans les Flandres.

Nous faisions alors face à un « écosystème d’affaire« . Un atelier géré par un « marchand-fabricant » faisait appel à des « paysans-ouvriers ». Ceux-ci détenaient chez eux un métier à tisser et réalisaient des pièces de tissus à la commande.

Des bénéfices certains…

Ce système était bénéfique pour tous :

  • Une main d’œuvre flexible et peu chère pour le « marchand-fabricant ». Ce, associé à des investissements faibles car il n’avait pas la charge de l’outil de travail.
  • Un revenu complémentaire pour des paysans dont les récoltes étaient soumises aux aléas climatiques, et donc à l’incertitude.

Mais trop d’inconvénients

Ce système avait néanmoins des inconvénients, qui l’ont amené à décliner au profit de manufactures d’ouvriers. Il y avait d’abord les problèmes de qualité de la production réalisée. Même si le « marchand-fabricant » réservait les productions plus nobles à des ouvriers localisés dans son atelier et dont il pouvait contrôler les procédés, les tissus filés à domicile par des « paysans-ouvriers » montraient régulièrement des problèmes de qualité, sans capacité de contrôle à priori.

Le second inconvénient tenait à l’envers de la flexibilité. En effet, la production de tissus était réalisée dans les temps morts de la production agricole. Elle ne pouvait donc pas être de même intensité sur l’année, rendant difficile la tenue d’un planning de production imposé par les clients. Finalement, cette proto-industrialisation prend fin vers la moitié du XIXe siècle, avec la lente désindustrialisation des campagnes au profit d’usines situées dans les villes et les bourgs.

Proto-industrialisation et espaces de travail

La ressemblance est frappante entre cette forme d’évolution du travail et les actuelles plateformes comme UberEats ou Deliveroo. Aujourd’hui il n’y a plus de paysans, mais des jeunes en recherche d’un revenu. Ces derniers se montent comme auto-entrepreneurs, et se voient confier par un « marchand-fabricant » de commandes, des prestations de livraison. Leurs outils de travail leur appartiennent (essentiellement un moyen de locomotion et un smartphone pour prendre les missions) et ils tirent ou complètent leur revenu de cette activité.

De leur côté, les plateformes ont une parfaite flexibilité de leur main d’œuvre qui est disponible à la demande, en fonction des commandes. D’autre part le donneur d’ordre, qui n’est pas considéré comme un employeur, n’a pas à se soucier de fournir un espace de travail à ces personnes. Il n’a donc pas à créer des espaces adaptés, si ce n’est pour ses salariés permanents. Qui sont, eux, infiniment moins nombreux que les livreurs. Une évolution certaine du travail !

L’histoire de cette forme d’organisation, liée à la proto-industrialisation, va ensuite évoluer pour donner naissance aux manufactures avec un agencement spatial associé. La suite au prochain épisode !

E.P.

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