Notre métier est de proposer – entre autre – un aménagement des espaces de travail. Nous sommes des space planners ! Le COVID a-t-il impacté notre mission ? Le télétravail est-il compatible avec le space planning ? C’est ce que nous allons voir avec ce nouvel article sur la prise en compte du télétravail dans les aménagement tertiaires.
Interview d’Olivier THAON, space-planner
Bonjour,
Votre métier est de concevoir des espaces de travail.
Mais le télétravail – qui s’est développé – a pour conséquence de ramener l’espace de travail dans la sphère privée… Que reste-t-il au space-planner ?
Le COVID a montré que le « tout télétravail » est impossible
Théoriquement, vous pourriez avoir raison ! Mais le COVID a bien montré que le « tout télétravail » est impossible, tant du point de vue humain que de l’efficience des organisations. Le télétravail est positif, à condition d’être partiel et très organisé.
Je dirais que pour nous, l’enjeux est triple :
- Aider les clients à penser et organiser le télétravail. C’est une réflexion de fond sur les usages, et une analyse précise du quotidien et de ses tâches, pour identifier ce qui peut être télétravaillé ou non. Nous pouvons aller jusqu’à aider à établir la charte de télétravail.
- Concevoir des espaces plus attractifs que jamais car, il s’agit de garantir que la journée au bureau soit une expérience positive. Notre position est de ne surtout pas dissuader la présence au bureau !
- Penser des espaces favorisant et stimulant l’interaction directe. Cette dernière est la grande perdante du télétravail. Il faut donc que les temps de présence au bureau donnent lieu à des interactions riches, qu’elles soient formelles ou informelles.
Est-ce que le télétravail a révolutionné vos métiers ?
Oui et non. Le métier reste fondamentalement le même : concevoir des espaces de travail, répondant à des besoins, dans un cadre physique et financier donné. L’attractivité, la beauté, ont toujours et selon moi, fait partie des besoins fondamentaux, même si elles ne sont pas écrites dans un cahier des charges.
Après bien sûr nous avons fait évoluer nos outils. Par exemple, notre jeu de société « C’est Ton Tour » ®, qui permet une analyse de l’expérience utilisateur, a vu ses règles et même ses supports évoluer pour prendre en compte toutes les dimensions du télétravail.
En fait, ce qui a changé dans les pratiques, c’est davantage les approches collaboratives dans lesquelles Tool-to-Team et Flores sont en pointe. Cela correspond, je pense, à un changement profond dans les attentes des clients et des utilisateurs. Nous le retrouvons aussi bien en space planning avec Tool-to-team qu’en programmation architecturale chez Flores.
Concrètement, en termes d’espaces de travail au sein des sociétés, le télétravail ça se traduit par quoi ?
Eh bien tout dépend des choix et orientations pris après notre enquête sur les besoins. Mais typiquement, si le télétravail est adopté de manière significative, on peut envisager des évolutions comme :
- une diversification des espaces collaboratifs. Pour caricaturer : avant, il y avait des salles de réunion et des espaces de convivialité. Ces espaces subsistent bien sûr, mais sont enrichis d’une grande quantité d’hybrides avec un cadre pour chacun, pouvant aller du conventionnel à l’espace extérieur !
- Et, lorsque les postes ne sont pas nominatifs, une diversification des postes de travail et de leur environnement : certains postes seront au calme, d’autre dans des univers plus dynamique, certains seront classiques, d’autre seront atypiques, certains conviendront pour se poser une heure, d’autre pour travailler sur des tableurs à rallonge, etc. Pour répondre à toutes les humeurs et tous les besoins !
Mais le développement du télétravail, ça fait gagner des m² ou pas ?
Parfois oui, parfois non. Mais je dirais que ce n’était pas le but premier de nos clients, mais une conséquence.
Assez souvent, avec les taux de télétravail rencontrés, qui sont modérés, la place éventuellement gagnée est en fait utilisée pour diversifier et enrichir les espaces d’échanges. Le gain, en termes de surface, est marginal.
Il faut des taux de télétravail élevés – et donc un management complètement repensé et un accompagnement spécifique – pour pouvoir envisager un fonctionnement flex. Et dans ce cas encore, il faut mettre le paquet sur les espaces collaboratifs et collectifs !
Les flex offices, comme jadis les open-spaces, peuvent donner réelle satisfaction. Mais pour cela, il faut prévoir tous les locaux nécessaires, et donc mettre de l’intelligence dans le projet !
O.T.